Vandita & Elya Ladkoo : Duo pour deux voix

Vandita & Elya Ladkoo : Duo pour deux voix
Mère et fille font la paire. Voyages, conférences, cours universitaires… Du bout de ses 6 ans, Elya accompagne sa maman, le Dr Vandita Ladkoo, chargée de cours en communication et membre de Toastmaster, et prend même la parole.

Depuis quelques semaines, la vidéo d’une fillette, mise en ligne par sa mère, le Dr Vandita Ladkoo, fait le buzz sur les réseaux. On y voit Elya, 6 ans, vêtue d’un joli petit gilet rouge à longues manches, d’un tee-shirt à motifs, d’une paire de jeans et de baskets s’adressant à un auditoire vraisemblablement captivé et très réceptif. Cela se passe au Kigali Bilungual Toastmasters Club au Rwanda. Le thème de son intervention : How To Excel In Your Speech.

L’aisance de cette petite pas plus haute que trois pommes lors de la prise de parole,l’attention et l’interaction qu’elle arrive à susciter, les réactions provoquées ont de quoi rendre ‘speechless’ ! Elya démontre définitivement des qualités de leadership. Intriguée, on décide d’aller à la rencontre de ce duo mère-fille pas comme les autres.

Arrive le jour-J. Le portail de la jolie maison située à Coromandel s’ouvre sur un magnifique jardin. On avance jusqu’à la porte d’entrée. Des bruits de pas provenant de l’intérieur se font entendre suivis d’un léger bruissement causé pas l’action de rideaux que l’on tire. Un oeil nous épie… C’est la petite Elya.

Sur ces entrefaites, sa maman Vandita, chargée de cours en communication et en image de soi, mais aussi membre de Toastmaster, nous ouvre. Souriante, accueillante et pétillante, elle nous serre immédiatement dans ses bras avant de nous inviter dans son bureau de Counseling. Des livres de Dale Carnegie et de motivation sont posés sur une étagère. Sur un autre pan, des pièces provenant d’un échiquier font office de décoration.

Une porte s’ouvre tout doucement et laisse apparaître Elya. Elle entre, se présente puis nous serre à son tour dans ses bras. Quoi de mieux qu’un bon câlin ! Étonnée par sa tenue très bien assortie, sa maman nous précise qu’elle veille à son image. La petite s’installe à côté de nous. Difficile de ne pas succomber au charme d’Elya.

On veut tout savoir sur cette fameuse vidéo. On s’interroge sur la probabilité qu’une fillette de 6 ans prenne la parole avec autant d’assurance devant des experts en communication rwandais dans un anglais plus que parfait. «Elya m’a demandé si elle pouvait faire un speech sur How To Excel In A Speech. J’ai accepté», raconte Vandita. Mais juste avant de prendre la parole, elle lui avoue : «I am feeling something in my tummy.» Sa mère lui explique alors que les grand.es orateurs.trices éprouvent de la nervosité avant de prendre la parole en public. «Et elle l’a fait ! Tout le monde était impressionné. Je l’étais aussi. J’étais la seule à avoir emmené mon enfant.»

Le voyage d’Elya commence alors qu’elle est encore bien au chaud dans le ventre de sa maman. À cinq mois de grossesse, Vandita se rend en Inde pour soutenir sa thèse de PHD. Après sa naissance, les voyages continuent. À 18 mois, elle voyage avec sa mère et sa grand-mère paternelle. Et depuis, dès qu’arrivent les vacances scolaires, la petite accompagne Vandita lors de ses déplacements professionnels. «On voyage deux à trois fois dans l’année. Rwanda, Kenya, Canada, Hong Kong, Nouvelle-Zélande, Sri Lanka, Inde, France, Elya est de tous les voyages. Son papa nous accompagne quand son travail le lui permet. On n’aime pas être séparés.»

Vandita découvre les ‘leadership skills’ de sa fille une première fois lors d’une soirée d’adultes. Elle est alors âgée de 4 ans seulement. «Elya y avait organisé des jeux car elle s’ennuyait. Elle a juste dit ‘This party is so boring. Let me lead. I will sing a song and when I stop you have to freeze’.»

Autre première fois, c’est quand elle prend sa fille naissante dans ses bras. Vandita pleure, submergée par l’émotion. Elle a le sentiment que sa vie est à nouveau complète. Depuis, elle veille à ce que le cheminement éducatif de celle-ci soit différent de la sienne. Donc, pas orthodoxe et loin des carcans de la société. Elya est libre de découvrir et de développer sa propre personnalité. «Son père et moi l’encourageons à être tout simplement. Pour ma part, elle m’a appris à être une bonne mère.»

La petite accompagne aussi sa mère quand elle dispense des cours. «Elle s’assoit, m’écoute et emmagasine tout dans son subconscient.» Ainsi, un jour, alors qu’elle n’a pas rangé sa chambre, sa mère se met à hausser le ton. «Après avoir terminé, elle est venue vers moi et m’a dit : ‘Mom, you could have told me nicely. I would have cleaned up my room. Do you remember you told me to treat people the way you want to be treated ? So talk to me nicely and I will clean up’. C’était une claque pour moi.»

La présence d’Elya en cours n’est pas anodine. «Elle a appris à bien se tenir pendant que je travaille. C’est aussi une façon pour elle de combattre la solitude, de s’amuser, de trouver des choses intéressantes à faire seule.»

Vandita n’a pas vraiment eu cette chance. Afin de forger sa personnalité et d’être une inspiration pour sa fille, elle a dû apprendre à ne pas se laisser affecter par les mots. Car plus jeune, elle souffre d’être constamment comparée aux autres. «On s’attaquait à mes cheveux ou à mon corps. Mais j’ai décidé de ne pas me laisser atteindre. La lecture, les études, les voyages, les diverses rencontres faites m’ont aidée à être ce que je suis aujourd’hui.»

Elya, elle, ne connaît pas cela. Et ce, grâce à des parents qui encouragent sa liberté depenser et son esprit critique, mais aussi sa soif de connaissances. Cela va des règles au Pôle Nord en passant par les ours polaires. Qu’elle soit fan de la série Wednesday ou encore de Conjuring et Supernatural n’est donc pas étonnant. Elya n’est pas dupe. «I know what happens behind the scene. Nothing is real.» Cela va sans dire, voyons !


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