Votre livre couvre un large éventail de sujets. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
Rien n’est plus agréable que de m’asseoir à mon bureau, d’admirer mon jardin et d’écrire. L’idée initiale coule toujours de source. Puis je la laisse toujours reposer, comme le bon vin. J’ai été initié aux livres et à l’écriture dès mon plus jeune âge. Je me souviens encore des histoires que me lisait ma mère quand j’avais 5 ans. Dans mon cas, j’ai grandi dans des circonstances très difficiles, pour ne pas dire dans la violence domestique à la maison. On était vraiment très pauvres. Je me suis tourné vers la littérature car c’était un moyen pour moi d’échapper à la réalité. Vous devenez mille personnages tout en restant vous-même…
Une anecdote, qui vous vient tout de suite à l’esprit, du chapitre On the Homefront ?
Déjà, il faut dire que j’écris sur ce que je sais, en m’inspirant de mes propres expériences. Comme mon admission dans une clinique privée pour un calcul rénal, une expérience atrocement douloureuse. Le traitement reçu était loin d’être satisfaisant, ce qui m’a poussé à écrire un récit humoristique intitulé Admission Of Failure et cela donne ça : «L’estomac vide, je cherche désespérément un petit-déjeuner copieux. Bête que je suis ! Les tartines ont été conçues avec la roche volcanique extraite des montagnes voisines de Moka, et le café avec un seau du barrage de Bagatelle. J’attends donc le poisson vindaye promis pour le déjeuner. Ce que l’on m’a servi, c’est du carton trempé dans du curcuma.»
Y a-t-il un récit particulier qui vous tient à cœur ?
Oui, un qui concerne mon petit-fils, né la même semaine que le prince Archie, le fils de Meghan et Harry. En réfléchissant aux origines divergentes de ces enfants, l’un issu d’une famille royale et l’autre de la classe moyenne, j’ai envisagé leurs destins potentiels. Malgré les immenses privilèges de la famille royale et l’opulence dans laquelle elle vit, j’ai conclu que les avantages de mon petit-fils l’emportaient sur les leurs.
Vous mélangez commentaires politiques et sociaux, poésie et satire dans votre livre. Pourquoi ce choix ?
C’est vrai que certains sont sérieux, d’autres moins. Mais les gens sont parfois rebutés par les très longs romans. Mon livre, lui, permet au lecteur de s’y plonger et de s’en éloigner.
Entre enseignement et journalisme, vous vous retrouvez diplomate pour l’UNICEF. Qu’est-ce qui a sous-tendu cette transition ?
En faisant des recherches pour mon General Paper, je suis tombée sur la Charte des droits de l’homme des Nations unies de l’après-guerre. Les principes de la paix internationale, de la sécurité et des droits de l’homme ont trouvé un écho profond en moi et m’ont donné envie de travailler un jour pour cet organisme. Le destin a joué son rôle lorsque j’ai repéré une offre d’emploi dans le journal. Le processus d’entretien rigoureux, qui a duré des heures, m’a permis d’obtenir un poste à l’UNICEF à l’île Maurice.
Et c’était comment de travailler pour l’UNICEF ?
J’ai travaillé sur des problèmes cruciaux : des questions de nutrition, des projets sur l’eau, y compris la réduction de la mortalité infantile. Les opportunités internationales se sont succédé : Swaziland, New York, Éthiopie, Haïti et Tanzanie. Après ma retraite, je me suis lancé dans un travail de consultant à l’échelle mondiale, m’aventurant dans des pays tels que le Sud-Soudan, l’Afghanistan et même la Corée du Nord.
Ces voyages m’ont permis d’être témoin des véritables défis auxquels sont confrontés les enfants et les femmes. Et je me suis appuyé sur mon expérience journalistique pour naviguer et communiquer des vérités, même lorsqu’elles étaient inconfortables, tout au long de ma carrière au sein des Nations unies.
Quelle est la prochaine étape pour Rodney Phillips en termes de projets d’écriture ?
Ça sera une grande affaire, un sujet fascinant, qui sera probablement lancé l’année prochaine. Mais je ne vous en dirai pas plus ! (Rires)
