Ornella Larché : De femme battue à battante

Ornella Larché : De femme battue à battante
Violentée pendant neuf ans par son époux et comateuse après une énième agression, elle se retrouve SDF. Mais les aléas de la vie n’auront pas raison d’elle. Récit d’un combat pour le droit à une vie décente.

Comme toute femme, elle rêvait d’une vie sereine, fondée sur l’amour et le respect mutuel. Au lieu de cela, Ornella Larché connaît l’horreur. Violences verbales et physiques seront son quotidien durant quelque neuf ans. Jusqu’à ce jour fatidique en 2009 où cette mère de quatre enfants a failli perdre la vie. Sortir du coma dans lequel elle est plongée pendant quatre jours s’apparente à un double réveil : à la vie et de sa conscience. À cet instant précis, elle sait qu’il lui faut se battre pour retrouver ses droits, sa liberté, une vie décente…

On est en 2001. Ornella épouse celui qu’elle pense être l’homme de sa vie. La même année, elle accouche de leur premier enfant. Ce qui aurait dû être le début d’une belle aventure à trois vire très vite au cauchemar. «Au départ, c’était des insultes à n’en plus finir», raconte Ornella. S’ensuivent gifles, coups de pied, tentatives d’étranglement quand elle n’est pas violemment projetée contre le mur. «Mon exmari entretenait une liaison. Il me prenait souvent par les cheveux pour me traîner dans la maison ; il me menaçait…» À l’époque, bien qu’elle ait peur pour sa vie, Ornella ne songe pas à quitter la maison. Elle subit. «Je restais à cause de mes enfants. Mais en 2009, suite à une violente altercation, mon ex-époux m’agresse sauvagement à la tête à l’aide d’un couteau

 

Aux femmes victimes,

Je leur dis ceci :

N’abandonnez pas et n’acceptez pas la violence.

Grièvement blessée, elle est transporté à l’hôpital et sombre dans un profond coma pendant quatre jours. «À mon réveil, je me suis dit : je ne veux plus de cette vie. Peu importe le temps qu’il me reste à vivre, je veux être libre» Ornella s’en va donc vivre chez sa mère pour se libérer du joug d’un homme violent. Mais elle est loin de se douter que d’autres difficultés l’attendent.

Sans domicile fixe

Quatre ans plus tard, la voilà à la rue suite à une dispute familiale. «J’étais SDF pendant une semaine, les gens se moquaient de moi. C’était dur mais grâce à une amie bienveillante, j’ai trouvé abri au centre de refuge Passerelle.» Elle vivra au sein de cette association dédiée aux femmes victimes de violences pendant un an. Une année durant laquelle Ornella bénéficie de plusieurs formations tout en y travaillant. En somme, c’est une vraie Passerelle entre sa vie d’avant et d’après… Parce que fortifiée par les nombreux obstacles rencontrés, Ornella décide de ne pas se laisser engloutir. Et elle a raison d’emprunter cette même Passerelle, qui la mène vers le chemin d’une vie meilleure. Celle qui s’est battue pour retrouver sa dignité de femme croit dur comme fer qu’il faut persévérer malgré les souffrances et les difficultés. «Il faut travailler constamment sur soi. C’est, selon moi, le seul moyen de se libérer de l’emprise de son bourreau. Si je n’avais pas pris la décision de le quitter, je ne serais peut-être plus de ce monde

Ornella refait ainsi sa vie. L’habitante de Cassis et mère de quatre enfants âgés de 15, 16, 19 et 21 ans travaille dans les cuisines d’un 5-étoiles. Parallèlement, elle se lance dans l’entrepreneuriat. Sa petite entreprise est spécialisée dans la confection sur commande d’achards et de pâtes de piment, entre autres. Face aux épreuves donc, elle a choisi d’être forte et déterminée.

Vive la Liberté !

«Je suis libre maintenant. La liberté n’a pas de prix», martèle-t-elle. «Aux femmes victimes, je leur dis ceci : n’abandonnez pas, n’hésitez pas à demander de l’aide et n’acceptez pas la violence.» Et à son tour désormais d’aider, d’encourager et de soutenir les autres qui, comme elle, subissent des violences «Je me battrai pour ces femmes jusqu’au bout. Beaucoup se sentent isolées, ne savent pas où aller avec leurs enfants, comment se débrouiller seules. Mais les solutions existent!» D’ailleurs, nien qu’elle conçoive qu’il faut des années avant de pouvoir se débarrasser du conditionnement psychologique, Ornella n’en démord pas : il faut se battre, vaincre sa peur et ne jamais abandonner. Elle estime également qu’il faut briser le tabou autour des violences conjugales. «J’espère que mon témoignage aidera…» Ornella, elle, connaît enfin la sérénité et le bonheur. «L’homme qui partage aujourd’hui ma vie est quelqu’un de bien. Il ne me contrôle pas comme le faisait mon ex, qui me traitait comme son jouet. Il m’accorde le respect que je mérite et je le lui rends bien

 

 

 

 


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