Nellie Le Juge de Segrais | L’architecte surfeuse

Nellie Le Juge de Segrais | L’architecte surfeuse
L’océan est son terrain de jeu. Les vagues, ses jouets. Et la jeune surfeuse peut être fi ère. La diplômée en architecture est l’unique Mauricienne à être médaillée de bronze au Championnat d’Afrique des nations de surf.

Au sein de sa famille, les sports nautiques donnent lieu à une belle dynamique. Normal quand on sait que, plus jeunes, les parents de Nellie Le Juge de Segrais ont représenté Maurice aux épreuves de voile à plusieurs reprises à l’étranger. Et que ses deux frères sont passionnés de voile, de surf et de kitesurf. Que la jeune femme de 26 ans, qui a grandi sur le littoral nord de l’île, tombe dans l’étendue bleutée coule donc de source.

Adolescente, elle se jette donc à l’eau en pratiquant le kitesurf durant le week-end. Le surf la rattrape alors qu’elle est âgée de 15 ans. «Comme on habitait dans le Nord, les occasions de s’adonner à cette activité étaient rares», raconte-t-elle. Mais aidée par son choix d’étude, les étoiles (de mer) en décident autrement. À 19 ans, Nellie s’installe ainsi à Tamarin pour poursuivre un Bachelor en architecture à l’ENSA Nantes-Mauritius située à Médine. Avant de gagner les côtes nantaises pour y faire son Master.

Depuis, Nellie vit intensément ses deux passions tout en surfant la vague comme une vraie pro. Tant et si bien que ses heures d’entraînement lui valent d’être récompensée au Championnat d’Afrique des nations du surf et de devenir ainsi la première Mauricienne à remporter une médaille de bronze. «Tout s’est passé très vite. J’étais fi ère de représenter Maurice à cette compétition. Cela m’a donné envie de participer à d’autres compétitions et de ramener encore quelques médailles pour mon pays.»

Nellie raconte que sa première expérience de compétition à l’étranger lui a semblé irréelle, qu’elle a même douté de ses capacités mais qu’au fi nal, cela s’est révélé être une expérience enrichissante ponctuée de moments intenses. «J’ai dû m’adapter à de nouvelles conditions, comme des vagues plus grosses que celles auxquelles j’étais habituée à Maurice, une eau beaucoup plus froide ! Heureusement que Brian Furcy et Esben Raffray, qui participaient aussi au championnat, m’ont soutenue.»

Aujourd’hui, Nellie rêve des Jeux Olympiques des sports de plage à Bali en août et au Championnat national. Et bien qu’elle soit dans l’attente d’une confi rmation, elle est plus que jamais déterminée à poursuivre l’aventure.

Sur le vif

À quoi ressemble votre journée type ?

Elle est plutôt ordinaire, sauf quand les conditions sont bonnes. Alors je surfe très tôt avant d’aller au travail. En l’absence de vagues, c’est la course à pied ou la natation.

Les défis liés à la pratique du surf ?

Les conditions climatiques, mais cela me pousse à me surpasser. Le fait d’évoluer dans un sport dominé par les hommes, même si j’ai conscience que surfer avec certains m’a permis de progresser très rapidement. Trouver des sponsors pour les événements internationaux. Je dois d’ailleurs remercier Down South Surf Shop et Santosha Surf, qui me soutiennent en termes d’équipements.

Est-ce aisé de concilier la vie courante à votre passion pour le surf ?

Tout est une question d’équilibre entre le travail, ma vie sociale et la pratique de mon sport. Je pense l’avoir trouvé. Depuis que je travaille, je m’organise pour surfer au minimum deux fois la semaine et les week-ends quand les conditions le permettent. Trouver la bonne balance est important car le surf peut facilement impacter votre vie sociale...

Quelques mots sur la communauté de surf à Maurice ?

C’est une petite communauté, où tout le monde se connaît, composée de surfeurs de toutes classes sociales et religions. Les surfeurs réguliers, ceux qui surfent 2 à 3 fois par semaine, ne sont pas plus d’une cinquantaine.

En quoi le surf est-il unique chez nous ?

La particularité de nos eaux est qu’elles offrent de magnifi ques vagues aussi bien en été qu’en hiver. La régularité des vagues à Maurice peut être un défi qui rend cette destination imprévisible et risquée.

Quel rôle l’océan joue-t-il dans votre vie ?

Elle fait partie intégrante de ma vie de tous les jours. En grandissant, j’ai passé beaucoup de temps dans et sur l’eau. C’est toujours le cas aujourd’hui. Quand on surfe, on peut vivre des moments particuliers, beaux aussi, notamment en assistant au coucher du soleil ou au lever du jour...

Un spot de surf à Maurice cher à vous ?

The Spot, une vague du Nord. C’est là que j’ai appris à surfer. J’ajouterai Oneye au Morne. C’est un spot qui me challenge.

Quel avenir pour les surfeuses à Maurice ?

Le surf féminin s’est développé très rapidement ces dernières années. Quand j’ai commencé, je surfais surtout avec des garçons.

Un conseil aux aspirantes surfeuses?

N’hésitez pas à vous lancer ! Soyez persévérantes. et surtout prenez du plaisir.


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