Me Prashant Ramlall : Le faiseur d’images

Me Prashant Ramlall : Le faiseur d’images
Amoureux de la vie et de l’humain, il met en lumière ceux de l’ombre en les immortalisant. L’avocat nous conte sa passion pour la photographie de rue et plus encore.

Malgré un no-show, ses yeux s’illuminent comme un flash en se souvenant de sa première expo à la kermesse de son collège. «J’avais 14 ans, je fréquentais le collège Saint Mary’s. Il n’y avait pas grand monde, mais je me rappelle encore de mon sentiment de satisfaction», raconte Prashant Ramlall, qui officie dans un cabinet d’avocats. Depuis, les choses ont bien changé. Fort de sa participation à six expositions, le jeune homme de 28 ans travaille à son premier solo prévu éventuellement en 2023.

Mais quel est le lien entre la photographie de rue et le droit ? Au fil de la conversation se dessine l’humain. Même si c’est un peu par hasard qu’il découvre la photo. «J’étais un ado un peu rebelle. L’école proposait des cours de photographie le samedi et pour m’occuper, je me suis inscrit.» L’adolescent s’y plaît et décide de se parfaire. S’ensuivent des cours approfondis.

Pourtant Prashant Ramlall ne poursuit pas ses études dans cette filière. «Papa est médecin et il est un peu mon idole. Je rêvais donc d’être médecin comme lui. Sauf que je suis nul en maths», précise-t-il en rigolant. Et c’est la photographie de rue, qui l’incite à mettre en lumière les plus vulnérables de la société, et son engagement dans le social qui lui montrent la voie du droit. «Puis, il y a cette petite phrase d’un de mes profs qui m’a marqué : ‘If you don’t like a rule, follow it, reach the top and then you change it.’ C’est ce que j’ai fait.»

Après sa licence en droit de la Middlesex University, le jeune homme s’envole pour l’Angleterre et passe le barreau à l’université de Northumbria à Newscastle en 2018. De retour au pays, il entame son ‘pupillage’ et prend ensuite de l’emploi comme Legal Executive auprès d’un avocat tout en continuant à immortaliser les visages qu’il croise. Prashant Ramlall n’en finit pas d’être fasciné par les gens, leur parcours, leur vécu, leur malheur, mais aussi leur bonheur.

Son apprentissage le conduit dans une firme privée qu’il intègre comme Corporate Lawyer. Parallèlement, il prend aussi de l’emploi comme chargé de cours à la Glamis Business School où il enseigne le droit…

De ses clichés, l’avocat souligne cette dimension humaine qui lui est indispensable. Qu’il s’agisse d’une main ou d’une silhouette, il veille au grain aux petits détails qui leur apportent une profondeur troublante. Et comme pour mieux accentuer celle-ci, il privilégie le noir et blanc car ajoute-t-il, «les couleurs sont distrayantes. On perd facilement le focus sur l’essentiel».

Pour s’adonner à sa passion, il troque veste et cravate pour enfiler short, débardeur et tongs pour arpenter les rues, affublé de son appareil photo. À se demander pourquoi le jeune homme n’a pas choisi d’en faire son métier… «Mon père m’y a encouragé, mais il y a tellement de photographes de nos jours. Je ne voulais pas me restreindre à la photographie.» Car Prashant Ramlall voit en sa robe d’avocat un outil, un moyen de changer peut-être le système un jour. Envisage-t-il de faire de la politique ? «Je pense que la politique est sale. En même temps, je suis conscient que pour nettoyer, il faut se salir les mains. Mais je ne suis pas prêt à entrer dans ce système.»

Issu d’une famille de trois enfants, Prashant est le petit dernier. «J’ai grandi avec deux sœurs aînées et ma maman, je dirais que je suis le produit de trois femmes fortes.» Sensible aux valeurs familiales, cet amoureux de la nature est aussi passionné par le jardinage, auquel il s’adonne avec son père.

En attendant l’année prochaine, il s’attèle à sa première exposition en solo. «Je veux faire voyager les gens, les toucher. Lors de ma dernière exposition réalisée en collaboration avec Metennkoste, trois personnes m’ont avoué avoir versé une larme en regardant mes photos.» Et si on se donnait rendez-vous dans dix ans, il serait… «Un avocat entreprenant divers projets en parallèle et pourquoi pas père de famille !»


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