Le photographe féministe

Le photographe féministe
De Dehli à Maurice, l’homme livre au monde sa vision de la femme à travers Son objectif. Et en vrai adorateur du beau, il immortalise sa grâce pour mieux l’amplifier. Coup de projecteur sur lui pour changer.

Il est un peu notre homme de l’ombre. Celui qui signe les nombreuses couvertures, pages de mode et photos de personnalités qui illuminent votre magazine préféré depuis des années. Lui, c’est Sachin Sagar. Et on ne le voit pas beaucoup car il a opté de vivre caché pour mieux célébrer la femme à travers ses clichés à l’esthétisme indéniable.

C’est dans son studio à Curepipe (ou ailleurs dépendant de la séance) qu’il s’adonne à son métier-passion. Mais son aventure photographique mauricienne remonte à 2008, l’année où il décide de s’installer dans l’île. Fraîchement débarqué de Delhi où il a photographié des stars de Bollywood et de célèbres mannequins, Sachin Sagar se lance un nouveau défi : aller à la conquête de Maurice caméra au poing. «J’ai tout de suite été conquis par la beauté de l’île et par les Mauriciens. Et je savais qu’il y avait matière à faire quelque chose de bien

Sauf que le photographe se rend vite compte que la société est très orthodoxe et conservatrice. Le mannequinat était mal vu. «C’était considéré comme un domaine inapproprié pour les filles décentes. Tout était encore très tabou.» Vêtements courts et poses sexy ne font pas partie du paysage photographique de l’époque. Tina Ramdin, ex-présentatrice télé, est la première à Maurice à lui dire oui. Sachin Sagar n’est alors qu’un inconnu chez nous.

Fixer le réel, c’est ainsi qu’il commence à se faire un nom sous les tropiques. Depuis, Sachin Sagar enchaîne les shoots comme on enchaîne les best-sellers. Chaque prise de vue est orchestrée comme pour une cérémonie. «Quand je suis derrière l’objectif, j’ai besoin que le mannequin me donne des expressions qui peuvent se transmettre dans la photo.» Parce que le physique n’est pas l’ultime atout devant l’objectif du photographe qu’il est. «Les standards du mannequinat sont dépassés pour moi.

Mesurer au minimum 1 m 75, avoir un beau visage ou un joli corps ne change en rien ce qui se transpose dans mes clichés. Tout se joue dans l’expression du visage.»

Mannequins à la pelle, couvertures de magazines (Lifestyle, Essentielle, People, Newstyle, entre autres), événements (Miss Mauritius, Miss Supranational, Miss Réunion), photos offi cielles de chef.fes d’entreprise, qu’elles soient en noir et blanc, couleur, chic, trash, les photos signées Sachin Sagar se révèlent souvent décalées pour briser les tabous. Car sa démarche est aussi engagée. «On ne passe pas plus de 20 ans de sa vie en se réveillant et en se disant qui on va aller provoquer. Ça serait bête ! Mais susciter des réactions, oui. Être un artiste, c’est aussi se rebeller contre les idées préconçues pour faire évoluer les choses.» Et, à sa manière, il fait ce qu’il faut pour promouvoir la diversité et non un idéal féminin.

C’est dans cette optique qu’il lance son magazine en ligne Newstyle. Il veut donner une plateforme à de nouveaux visages. «L’idée m’est venue peu après que quelqu’un m’ait dit que je n’avais pas mon mot à dire lors d’une séance photo pour un magazine mauricien. J’étais là pour photographier point barre. Donc, Newstyle constitue une plateforme pour exprimer mon art.» Parallèlement, il offre de la visibilité à plusieurs stylistes, maquilleurs et coiffeurs en herbe.

Son prochain défi ? Mettre en lumière les femmes dans l’univers du golf grâce à son nouveau magazine Golf Paradise qu’il lance bientôt. «On compte 80 millions de golfeurs sur la planète, dont 30 % de femmes. Il est temps de les mettre en avant !» L’aventure est loin d’être fi nie pour lui, donc.

 


LSL-logo