Covid-19 ] Les nerfs à vif (3e partie)

Covid-19 ] Les nerfs à vif (3e partie)
La situation est explosive dans les foyers où les enfants et les femmes victimes de violences sont confinés avec leurs bourreaux. Quels sont leurs recours ?

Photo de Miss noun dans Humeur

Détresses

«Le confinement en cours est un terreau propice aux violences conjugales.» Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’égalité femmes/hommes en France a en effet raison. Une femme sur trois est victime de violence conjugale, ce qui rend leur quotidien depuis le confinement national et quasi-mondial, doublement difficile.

Sur le plateau de France 2 le 26 mars, le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, déclarait que depuis le début du confinement en France, soit le mardi 17 mars, «en zone gendarmerie, ces violences ont augmenté de 32 % en une semaine et dans la zone de la préfecture de police de Paris, elles ont été en hausse de 36 % en une semaine».

Chez nous, la situation est sensiblement la même. Le ministère de l’Égalité des genres a reçu plusieurs appels de détresse et s’est retrouvé dans l’obligation de mener des interventions. Les chiffres ne sont toutefois pas encore disponibles pour établir un comparatif.

Mélanie Valère-Cicéron, présidente de l’ONG Passerelle, a reçu deux sollicitations de la police pour accueillir deux femmes en situation de violences conjugales. Elle n’a malheureusement pu donner suite, faute de place. L’objectif étant aussi de protéger les 25 femmes et les 10 enfants qui ont trouvé refuge auprès de l’ONG. Elle a proposé à ce qu’un centre communautaire géré par le ministère accueille les femmes en détresse d’autant que les cours de justice sont fermées et que les Protection Orders ne sont plus émis. Et quid de l’éviction du compagnon violent du domicile ? Cette alternative n’est pas envisageable non plus sans instruction de la cour.

Restons donc vigilants.es et dénonçons tout abus qui arriverait jusqu’à nous. Il ne faut rien laisser passer car se taire, c’est laisser faire.

 

Où trouver de l’aide ?

Le ministère de l’Égalité des genres met à disposition deux assistances téléphoniques : le 139 pour les femmes victimes de violences conjugales et le 113 pour les enfants victimes. Hotline gratuit et opérationnel 24/7.

 

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Platform Stop Violans Kont Fam prend position

 

Ce collectif de citoyens soutenu par diverses ONG, dont Passerelle, Dis-moi océan indien, Ailes et SOS femmes, demande à ce que la justice ne soit pas en quarantaine pendant ce lockdown. Objectif : que les femmes victimes de violences conjugales ne soient pas davantage prises au piège par leurs bourreaux.

La plateforme en appelle donc au ministère de l’Égalité des genres pour convertir un Women Centre ou tout autre lieu en un centre d’hébergement d’urgence et de quarantaine temporaire avec toutes les facilités pour assurer la sécurité et la protection des victimes. Une aide psychologique de l’État ainsi qu’une surveillance des officiers de la Family Protection Unit sont aussi sollicitées.

Au commissaire de police, la plateforme plaide pour que nos lois soient appliquées même si les cours de justice sont fermées pour éloigner les agresseurs du domicile. La plateforme rappelle que «la violence conjugale est un arrestable offence, avec ou sans Protection order».

La police a le devoir de porter assistance aux victimes et de les conduire à l’hôpital pour être prises en charge, rappelle la plateforme. Quant aux agresseurs, ils peuvent être entendus par le Bail & Remand Court qui peut fonctionner à distance grâce à la technologie. Après la période de quarantaine, les victimes pourront intégrer de vrais shelters en toute sécurité.   

 


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