Le matin. Je m’éveille sur une île qui ne se réveille pas. La faute à mon estomac qui crie famine. J’avance lentement vers la cuisine où mon homme est affalé devant la télé. Plus de 70 000 morts et 4 milliards de personnes confinées à travers le monde. Bam, grand coup de massue sur la tête. Je suis officiellement réveillée. Il me faut un café. Et à manger. Vite !

Va-et-vient : placard à provisions-frigo et rebelote. Le choix est limité. Pas étonnant. L’unique fois où j’ai mis le nez dehors c’était pour me rendre à la supérette du coin qui, forcément, avait été dévalisée et n’avait pas été réapprovisionnée comme il faut. Donc… Je finis par me jeter sur les derniers Cracotte, me prépare un bol de céréales avec des raisins et des rondelles de banane avant de me couler un café et de m’attabler. L, mon golden qui suit tous mes mouvements, vient se jeter à mes pieds.

Je me dépêche d’avaler tout ça. J’ai une vidéo conférence juste après. J’en suis toujours au petit-déj lorsque je reçois le message d’A. me disant qu’elle est prête. Zut, pas le temps de se doucher et de se changer. J’enfile un haut ‘convenable’ sur mon petit caraco pour faire ‘sérieux’.

Je m’installe pour une discussion d’une heure. J’enchaîne avec les mails de suivi, j’en envoie d’autres, plusieurs autres même, pour lancer la nouvelle strat, je réponds aux interrogations des uns et des autres. Entre, je réponds aux appels et bien sûr, j’en retourne. Et ainsi de suite. C’est la valse des mails, messages et j’en passe.

Ah oui, j’ai quand même le temps pour cet échange capital avec mon coiffeur autour d’une question existentielle : «Puis-je me tondre les cheveux ?» À laquelle il répond : «Hahaha, je savais que tu me la poserais celle-là ! Oui, vas-y. Fais du 2 centimètres partout. On verra après le confinement.» Après le confinement ! Y a-t-il une vie après le confinement ? Question à mille balles ! Que je choisis de laisser en suspens.

14 heures et des poussières. En pyjama. Définitivement pas douchée. C comme crade ? Bah non, ma dernière douche remonte à 3 heures du mat, donc, pas de conclusion hâtive !

Je m’acharne toujours sur mon clavier pendant que l’homme lui a choisi de piquer sa tente ailleurs (la chambre de l’enfant qui est in Paris). Pfft, c’est fou comme tout est urgent aujourd’hui. Promis, juré, j’en colle une au premier qui me sort : «Alors ce confinement ? Tu te la coules douce sûrement !»

17h23. Toujours en pyjama. Toujours à m’acharner sur le clavier. Encore heureux que j’ai pensé à me brosser les dents ce matin. L’homme fait une apparition : «On mange quoi ce soir», me demande-t-il. J’ai envie de lui crier : «Non, mais tu m’as vue là !!!» Au lieu de cela, je continue de m’acharner sur le clavier comme si ma vie en dépendait tout en laissant tomber : «Des œufs au plat, des frites et une salade que tu feras pendant que je me douche.» Ah ben, oui, mon vieux, il est temps de mettre un terme à ma fameuse journée pyjama ! Ce soir j’ai rendez-vous avec Netflix et faut que je sois au top J.