Covid-19 : Journal d’une Mauricienne confinée, J-11

Covid-19 : Journal d’une Mauricienne confinée, J-11
Sauvée par la voisine. Ah, les joies du bon voisinage…

Le matin. Impossible de la repousser plus longtemps. La lassitude commence à montrer le bout du nez. La perspective de passer du temps à la maison à glander en petite tenue qui me réjouissait tant commence à céder la place à la nostalgie. Je rêve de ce moment où je pourrais remettre le nez dehors. Je rêve de mon bureau vitré, de l’open-space climatisé rempli de collègues professionnels et sympas (bon, y’en a qui le sont moins) avec qui je peux échanger, débattre, rigoler. Petite note post-Covid : ne plus jamais râler lorsqu’il s’agira de se rendre au bureau !

 

Mon téléphone sonne. C’est ma meilleure pote. La petite sœur que je n’ai pas eue. Celle avec qui je refais le monde jusqu’à pas d’heure autour d’une bonne bouteille de rouge. Je suis heureuse de l’entendre. «On va faire une de ces fêtes une fois que tout ça sera derrière nous», me dit-elle. Je veux bien mais pour l’instant, nos vies sont plutôt rythmées par l’angoisse et la peur de la maladie… On se laisse sur des bisous virtuels. Malgré le beau temps qui prévaut, je suis morose.

 

13 heures et des poussières. J’entends la voisine qui fait travailler son gamin de 7 ans. Tiens, il n’y a ni pleurs ni cris aujourd’hui. Le petit prendrait-il le pli ? Aurait-il enfin compris qu’être confiné n’équivaut pas aux vacances scolaires ? Et donc, qu’il faut travailler ? Mes oreilles, elles, bourdonnent de joie. Un gamin qui pleure et tempête contre une maman qui finit par hurler tant elle est à bout, ce n’est pas la plus belle des musiques.

 

Je me remets à travailler. Oui, oui, on est lundi. Il va falloir terminer pas mal de choses avant de pouvoir se mettre au repas du soir. Mon #défi du jour : trouver une recette qui va nous sortir de la pastamania de ces derniers jours. Pas évident quand vous êtes à court de légumes et que vous attendez désespérément qu’on vous livre votre commande. Si ça continue, ça sera pire que Koh Lanta très bientôt !

 

Fin d’après-midi. Ma voisine, une autre hein, a préparé suffisamment de riz safrané aux petits légumes (surgelés) et de daube de poisson (son homme adore pêcher et ils ont leur petit stock : comme quoi ça sert !) pour m’offrir deux parts et deux petits pots de crème brûlée fait-maison. Le rêve éveillé !

 

Le panier pique-nique est soigneusement déposé sur le muret qui sépare nos deux jardins. Bien sûr, toutes les précautions sont respectées à la lettre avant de faire rentrer ce trésor dans notre bulle. Ça a pris du temps. Ça en valait la peine. Non seulement la soirée a été sauvée après l’annonce du prolongement du couvre-feu jusqu’au 15 avril, mais on s’est régalé ! Comme quoi y’a toujours du bon…

 


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