Banana Leaf Snack : La cuisine en héritage

Banana Leaf Snack : La cuisine en héritage
Derrière le fameux ‘poolisadon’ du lundi et le ‘7 karis’ du vendredi se cache une belle histoire de famille intrinsèquement liée au petit restaurant spécialisé en cuisine tamoule. On s’y est rendue, alléchée par le parfum des épices.

Midi tapante. Le soleil est au zénith. On déambule d’un pas rapide le long de la rue Sir Virgil Naz dans la capitale en quête d’un peu d’ombre pour tenter de faire un pied de nez à la chaleur ambiante. Le ventre gargouillant, on se dirige vers le Banana Leaf Snack. Rien qu’à l’idée du menu de ce vendredi, on salive déjà. Il faut dire qu’on nous a tellement vanté les mérites de cette cuisine venue du sud de l’Inde servie par les propriétaires...

On arrive enfin à destination. Le lieu de notre convoitise se situe au rez-dechaussée d’un building situé en face du Citadelle Mall. On n’est pas seule. Une petite foule afflue, attirée certainement par le parfum épicé émanant derrière le comptoir. à l’intérieur, l’œil accroche la déco jaune et verte, qui pourrait sembler tape-à-l’œil aux yeux de certain.es. Mais les habitué.es n’en ont cure. Et puis c’est aussi ça plonger dans cette culture tamoule colorée à souhait. Ce jaune qui renvoie au soleil, à la lumière, qui se veut couleur divine. Et ce vert synonyme de vie, d’espérance, d’évolution.

Passé le décor, on découvre une véritable fourmilière avec comme point focal, le comptoir. ‘Kalchool’ en mains, les membres bien rodés du personnel s’emparent des ‘thalis’ pour y déposer d’abord des feuilles de banane jetables puis les ‘7 karis’, qui seront dégustés par les client.es. Au menu : Pomme de Terre Masala, Dal Brinzel, Kari Banane, Zariko Masala, Ziromon, Toufe Kari Zak, des achards, du ‘rasson’ et du ‘panacon’ pour se rafraîchir le palais et atténuer l’effet des épices en bouche (probablement ailleurs aussi). Pour terminer, un délicieux ‘sagoo’ servi avec un ‘appalam’ ou ‘papadum’, une galette frite à base de farine de haricots.

Pendant ce temps, les client.es attendent patiemment dans la queue tout en se délectant des effluves des mets fraîchement cuisinés. Celles et ceux qui ont déjà été servi.es se hâtent d’engloutir leur repas pendant qu’il est encore chaud. Pas de trace de téléphone portable ici. Les discussions sont animées. ça rigole. L’heure est à la dégustation et non au pianotage.

Sa paire de lunettes posée sur le front, Sathuda Armourdon Pillay, le propriétaire et fondateur du Banana Leaf Snack, s’approche de nous. Le père de trois enfants, âgé de 64 ans, nous accueille tout sourire, probablement heureux de pouvoir partager sa passion pour la cuisine tamoule. «mo madam, mo tifi ek mwa noun gagn lamin mo mama», lance-t-il. Comprenez que sa mère leur a tout appris et qu’elle leur a légué les secrets culinaires qu’elle a elle-même hérités de sa mère. «Quand elle est tombée malade, elle a transmis son savoir à mon épouse pour qu’elle prépare le repas de mon père… c’est triste qu’elle n’ait pas été témoin de l’ouverture de notre restaurant il y a 17 ans. Elle aurait été fière et heureuse de voir le dynamisme du Banana Leaf», confie-t-il avec émotion.

L’idée d’ouvrir ce snack lui vient de ses voyages à singapour. Il y observe le mode d’opération des restaurants locaux et leur stratégie. Convaincu, il décide de fermer son magasin de vêtements pour se lancer dans la restauration. «Les mauriciens raffolent de la cuisine tamoule surtout le 7 karis et je souhaitais donner vie à ma passion culinaire…»

Kovilla ramasawmy, sa fille de 38 ans qui représente la relève, se souvient de l’ouverture du Banana Leaf comme si c’était hier. «J’avais 20 ans à l’époque et c’était une joie de voir notre restaurant attirer autant de clients. Je me rappelle de la fierté de mon papa. Il était heureux que les clients puissent apprécier notre savoir-faire.» tant mieux puisqu’aujourd’hui encore petits et grands raffolent de leurs plats que beaucoup essaient de reproduire sans succès. «Pourtant je partage mes recettes à qui le souhaite, mais on me dit toujours que les saveurs ne sont pas les mêmes»,

Kovilla, elle, n’a certes pas ce problème puisqu’elle a hérité des fameux secrets culinaires passés de génération en génération. «J’ai appris en observant et en aidant ma mère Roobavadee Armourdon Pillay.» cette dernière se réveille à 4 heures du matin et commence à tout préparer une heure plus tard. «C’est un moment de famille que j’apprécie énormément. Tout comme j’apprécie le fait que les connaissances transmises par ma grand-mère et mon arrière-grandmère sont précieuses, que c’est grâce au savoir-faire acquis que le Banana Leaf est connu à travers l’île.»


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