BON SANG !

BON SANG !

ON S’EN TAMPONNE. Elles ont entre 12 et 40 ans approximativement. Elles sont écolières, collégiennes, travailleuses précaires, sans-abris… Leur dénominateur commun : les différents contextes socio-économiques fragiles dans lesquels elles évoluent, qui font qu’elles souffrent de la précarité menstruelle. Comprenez qu’elles sont dans l’impossibilité d’accéder à des protections périodiques. Donc, serviettes hygiéniques, tampons, coupes et culottes menstruelles sont inconnus du bataillon pour elles. Pour pallier à cela, elles sont devenues ‘adeptes’ du système D malgré elles. Vieux mouchoirs, chutes de tissu, éponges et papier toilette leur servent de ‘protection’ de fortune durant les 2 à 7 jours que dure la menstruation et sa horde de contraintes. 


Aberrant et surtout inadmissible en plein 21e siècle où l’on parle de fulgurantes avancées scientifiques et technologiques et balance des milliards dans des guerres insensées visant à étancher la soif de pouvoir de certains pour ne citer que cela. Alors qu’à côté des filles et des femmes n’ont pas les moyens d’appliquer les normes d’hygiène de base essentielles à une bonne santé vaginale. 


C’EST TABOU. Chez nous, sauf pour quelques rares exceptions, qui s’échinent à changer les règles sur le terrain, la plupart s’en tamponne. Le silence-radio des ministres de la Sécurité sociale et de l’Égalité des genres, qui ont été sollicités, en dit long ! Il semblerait que la règle veut qu’on ne parle pas de ces règles-là. Et si on le fait, c’est en chuchotant dans l’antichambre. Normal, au risque de choquer certain.es, le vagin est considéré comme sale et les règles impures, voire malsaines. C’est un sujet tabou, honni en raison des préjugés sociétaux. Pourtant toute femme est dotée d’un appareil génital et avoir ses règles est un processus naturel. 


Ce sont malheureusement ces mêmes préjugés qui entrent en jeu lorsque notre journaliste aborde la question de pauvreté menstruelle avec les victimes. Pour ces dernières, c’est source de honte, de gêne et d’inconfort. Demander de l’aide aux quelques associations qui se démènent n’est pas envisageable (par fierté pour certaines). Même si cela impacte directement sur leur santé physique et psychologique, sur leur scolarité ou leur travail. 


ENJEU SOCIÉTAL, ÉDUCATIF ET ÉCONOMIQUE. C’est dire que la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, célébrée chaque 28 mai, a toute sa raison d’être. Les règles doivent être démystifiées. La sensibilisation à l’importance d’une bonne hygiène menstruelle est capitale. Tout comme l’éducation et l’accès à une information vérifiée dès le plus jeune âge. Le coût financier non-négligeable doit être pris en compte, ces dépenses n’étant pas à la portée de toutes. Les interviewées en témoignent : le choix entre un paquet de serviettes et se nourrir est vite fait. 


Il faut arrêter de se voiler la face : des filles et des femmes souffrent de pauvreté menstruelle, et cela demande la mise en place d’actions concrètes rapidement. Pour cela, l’engagement politique, citoyenne et de partenaires s’avère vital. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourrait songer à la distribution de kits de produits d’hygiène et à l’installation de distributeurs de protections gratuites à l’échelle nationale pour enrayer ce qui relève de l’inégalité et de la stigmatisation sociales. Toute femme mérite de vivre ses règles dans la dignité.
 


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